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Page:Bossard - Gilles de Rais dit Barbe-Bleue, 1886.djvu/414

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ORIGINE DU CONTE.

pomme d’Ève et le regard rétrospectif de la femme de Lot, qui sont plus que des signes d’une idée morale ; la boîte de Pandore, la lampe de Psyché, la question de l’épouse de Lohengrin, la clef de Barbe-Bleue sont des signes représentatifs de la même idée : la curiosité de la femme. Toutes les questions, toutes les démarches, tous les regards indiscrets, qu’a chantés la muse populaire, ont donc un rapport naturel avec Barbe-Bleue. Mais nous persistons à croire que l’on ne saurait, même d’après ce principe, faire sortir le conte du berceau de l’humanité.

Sous tous les cieux et dans toutes les mythologies, nous dit-on, clefs mystérieuses et chambres interdites sont nombreuses. Chambre interdite que celle où sont renfermés les trésors d’Ixion et où nul ne peut pénétrer sans être dévoré, comme Hésionnée, par le feu qui ne s’éteint jamais. Chambre interdite que celle dont Athéné, dans Eschyle, parle aux Euménides, où Jupiter a renfermé la foudre et dont elle seule, de tous les dieux de l’Olympe, connaît les clefs. Chambre interdite que celle où le troisième Calender, dans les Mille et une Nuits, entre avec une clef d’or et dans laquelle il trouve un cheval ailé, qui l’emporte en croupe et se débarrasse de lui, en lui crevant un œil d’un coup de queue. Chambre interdite, où les deux enfants, dans le Chevreuil d’or, un conte de Rechstein, pénètrent et trouvent un chevreuil d’or attelé à une voiture d’or, sur laquelle ils s’enfuient. Chambres interdites dans le Roi Serpent et le Prince de Tréguier, dans Bihonnic et l’Ogre, contes bas-bretons de Luzel ; dans le Roi Noir, conte romain de Busk ; dans le Vigoureux Franck, de l’allemand Mullenhoff ; dans le Fils de la Veuve, du norwégien Asbjorsen ; dans Mastermaïd, du même ; dans Maria Morewna, conte russe, traduit de Ralston, par Loys Brueyre ; dans l’Histoire de Saktivega, du Kathàsaritsàgara, c’est-à-dire l’Océan des rivières des contes, recueil de Samodeva Rhatta, de Cachemire, qui date du xiie siècle ; dans l’Esprit trompé par le Fils du Sultan, conte de Zanzibar, traduction anglaise de Steere ; chambre du ciel