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GILLES DE RAIS.

faveurs, comme indemnité « des pertes qu’avaient éprouvées ses fidèles serviteurs par la prise et l’occupation de plusieurs de leurs places, entre autres de la Motte-Achard », cent autres livres de rente confisquées sur Ponthus de la Tour, l’un des partisans des Penthièvres[1].

Sous les coups multipliés de l’orage, la maison de Penthièvre avait été fortement ébranlée ; mais elle demeurait encore debout ; un dernier effort la renversa de fond en comble. Les Penthièvres avaient refusé de comparaître aux États de Bretagne, réunis à Vannes vers la fin de 1420, où ils devaient rendre compte de leur conduite. Gilles et son aïeul y assistaient comme conseillers de la couronne. Jean V, voulant user d’indulgence, prorogea deux fois les États jusqu’au 23 février 1421 ; mais les coupables, ou dédaignèrent, ou craignirent de se présenter. Dès ce moment, tous leurs biens situés en Bretagne furent confisqués et partagés par le duc entre ses parents et ses amis[2]. Pour exécuter cet arrêt, il fallut reprendre les armes. Gilles de Rais, avec les sires de Rohan, de Rieux et de Laval, fut un des premiers à venir se joindre au comte Arthur de Richemont que les Anglais avaient remis en liberté, et sous lequel il acquit dès lors, et plus tard dans la guerre nationale contre l’étranger, un grand renom de bravoure et d’habileté. Clisson et les Essarts, les deux dernières places fortes qu’eussent encore les Penthièvres, furent emportées presque sans coup férir. C’en était fait, dès lors, de cette maison ennemie et jalouse. Le 16 février 1422, le parlement de Bretagne déclara les Penthièvres coupables de félonie, de trahison et de lèse-majesté ; les condamna à avoir la tête tranchée ; ordonna que leurs chefs fussent exposés aux portes de Nantes, de Rennes, et de Vannes ; les priva à perpétuité de tout honneur, du nom et des armes de Bretagne, et confisqua de nouveau tous leurs biens. Ils échappèrent à la mort, mais par la fuite, et ne repa-

  1. 4,000 fr. Cart. des sires de Rais, no 70. Vidimus de la Cour de Champtocé.
  2. D. Morice, t. I, p. 482 ; d’Argentré, p. 741 et 199