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PROCÉDURE CRIMINELLE

elle lui octroia qu’il s’en allast o lui ; et que, assez toust apres, il lui porta quatre livres pour sa robe. Sur quoy, elle lui dist que en failloit encore vignt solz : lequel le denya, disant ne lui avoir promis que quatre livres. Sur quoy, elle lui dist que sy scavoit et[1] que a paine lui tendroit les autres promesses, veu que desja il lui failloit de vignt souls. Et, sur ce, il lui dist qu’elle ne s’esbahist point pour ytant et qu’il lui feroit et a son enffant assez d’autres biens. Et, sur tant, eut ledit enffant et le mena chies ledit Jehan Colin, oste dudit sire. Et si, le lendemain, comme celui sire yssit dudit hostel, ceste Peronne lui recommenda sondit enffant, qui present estoit. Sur quoy, celui sire ne lui dist rens, mais dist audit Poytou, qui illec estoit, que celui enffant avoit esté bien chouysi, et qu’il estoit bel comme ung ange. Et, sur ce, ledit Poytou lui respondit qu’il ne avoit eu que lui a le chouysir, et ledit sire lui dist qu’il n’avoit pas failly a bien le chouysir : et que, assez toust apres, celui enffant s’en alla o ledit Poytou, en la compaignie dudit sire, sur ung petit cheval que ledit Poitou achata dudit Jehan Colin. Et, depuis, n’oit ceste femme nouvelles ou feust sondit enffant, ne ne le vit en la compaignie dudit sire qui depuis a passé par ledit lieu de la Rochebernart, en la compaignie duquel elle n’a depuis veu ledit Poitou ; les aucuns des gens duquel sire, ausquelx elle demanda ou estoit sondit enffent, lui disoient qu’ilz panczoint qu’il estoit a Theffauges ou a Pouzauges.

De Touscheronde.


Jehan Colin et sa femme, Olive, mere de la femme dudit Colin, demourant a la Rochebernart, rescordent, par leurs sermens, que, en ce present mois de septembre eut deux ans, celui sire de Rais, en venant de Vennes, logea a leur hostel et y couscha ; et que ung nommé Poitou, serviteur dudit sire, fist tant a Peronne Loessart, qui lors demouroit devant leur maison, qu’elle lui bailla ung sien filz allant a l’escolle, l’un des plus beaux enffans du pais, a s’en aller et demourer o lui : et que celui Colin vendit ung petit cheval qu’il avoit audit Poitou la somme de LX s. pour en emmener ledit enffant. Et dient lesdites femmes que, le soir que celui Poitou eut l’octroy d’avoir ledit enffant, il le mena a l’ostel de cestz tesmoins, disant aux autres gens dudit sire que s’estoit son page : quelx lui disoint qu’il ne seroit pas pour lui et que ledit sire, leur maistre, auroit ledit enffant. Et que, le lendemain, en yssant celui sire dudit hostel pour s’en aller, cestes femmes oyrent la mere dudit enffant le recommander

  1. Lire : Elle.