Que Gilles de Rais, en effet, n’ait quitté ni la cour, ni l’armée ; qu’il n’ait point perdu son titre de maréchal de France par le retour de la Fayette, rien, ce semble, n’est plus certain : au lieu de sortir immédiatement des camps, il est mêlé à toutes les opérations militaires du nouveau gouvernement. À l’appel de Charles d’Anjou, huit mois seulement à peine après la chute de la Trémoille (mars 1434), il accourt à la tête de ses troupes et commande à Sillé-le-Guillaume, à côté du connétable de Richemont, du sire de Bueil et de Prégent de Coétivy[1] ; quelques jours après, il est avec eux à Sablé ; avec eux encore, il combat à Conlie en 1435, deux ans plus tard ; si la Fayette paraît près de lui dans l’armée, revêtu aussi de la dignité de maréchal de France, personne ne conteste à Gilles le droit d’exercer la sienne ; bien plus, au contraire, il la conservera même lorsqu’il ne paraîtra plus sur les champs de bataille : dans la ville d’Orléans, où de nombreux documents, nouvellement mis au jour, lui reconnaissent le titre et le pouvoir de maréchal et lui en donnent le nom ; jusqu’à la fin de sa vie enfin, dans ses châteaux de Machecoul et de Tiffauges, où il percevra du roi, selon le Mémoire des Héritiers, les émoluments attachés à sa charge militaire. Déjà Prégent de Coétivy, l’un des plus ardents ennemis de Georges de la Trémoille, l’un de ceux qui ont le plus gagné à sa chute, brigue la main de Marie de Rais, la fille unique de Gilles ; plus tard encore, en 1437, et c’est M. Vallet de Viriville qui, à tort ou à raison, nous l’affirme, Gilles présidera en personne la représentation du Mystère du Siège d’Orléans, dans Orléans même, sous les yeux de Charles VII et de toute la cour ; en 1439, il est encore signalé dans les affaires militaires, car c’est lui qui confia à Jean de Siquenville les troupes que commandait la fausse Pucelle ; pour terminer enfin sur ce sujet, c’est en vain que l’on s’efforce de prouver qu’il prit une part aux dernières agitations du parti politique tombé, mais toujours
- ↑ Guillaume Gruel, p. 52-58 ; Alain Chartier, Edit. 1597 (Nevers), p. 72 et 73.