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Page:Bossert - Essais sur la littérature allemande, Série I, 1905.djvu/102

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de Wallenstein; Schiller suivant la rédaction d’Hermann et Dorothée ; il revisa les trois dernières parties de Wilhelm Meister. Cette collaboration dura jusqu’à la mort de Schiller, en 1805. Hermann et Dorothée est, avec Iphigénie en Tauride, la plus belle création de Goethe dans le genre classique, la plus étonnante même si l’on considère l’art qu’il y déploya et les difficultés qu’il eut à vaincre. Le sujet contenait la matière d’une idylle; il en tira un poème en neuf chants, chaque chant étant placé sous l’invocation d’une Muse. Le fils d’un aubergiste épousant une jeune émigrante que la guerre avait chassée de son pays, telle était la donnée; le poète l’éleva, l’amplifia, en faisant voir comme fond de tableau la Révolution française. On s’apercevrait, lors même qu’il ne nous le dirait pas, que l’Iliade et l’Odyssée étaient présentes à sa mémoire. Il porte l’imitation du style antique jusqu’aux dernières limites où elle peut se concilier avec le naturel. Ses personnages, un pasteur, un pharmacien, parlent comme Nestor et Ulysse; des objets de la vie ordinaire se présentent accompagnés d’une épithète homérique. Mais ce qui sauve toutes les hardiesses, c’est la parfaite harmonie de l’ensemble; il n’y a pas, dans tout le poème, une seule phrase qui détonne. Au reste, Hermann et Dorothée fut composé tout d’une haleine, comme l’avait été autrefois Werther, et le succès fut pareil;