Aller au contenu

Page:Bossert - Essais sur la littérature allemande, Série I, 1905.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et celui qui en sortira, et ainsi de suite, en avant et en arrière. Tout a déjà existé un nombre incalculable de fois, attendu que la situation générale de toute les forces revient toujours.... Autrefois, on pensait que l'activité infinie dans le temps supposait une force infinie, qui ne serait épuisée par aucune usure. Maintenant on se représente la force comme constante ; elle n'a plus besoin de grandir à l'infini. Elle est éternellement active, mais elle ne peut pas créer un nombre infini de cas ; il faut qu'elle se répète : c'est ma conclusion.... Homme ! toute ta vie, comme un sablier, sera toujours à nouveau retournée et s'écoulera toujours à nouveau, chacune de tes existences n'étant séparée de l'autre que par la grande minute de temps nécessaire pour que toutes les conditions qui l'ont fait naître se reproduisent dans le cycle universel. Et alors tu retrouveras chaque douleur et chaque joie, chaque ami et chaque ennemi, et chaque espoir et chaque erreur, et chaque brin d'herbe et chaque rayon de soleil, et toute l'ordonnance de toutes choses3. »

Nietzsche nous apprend que cette conception le remplit d'épouvante, qu'il fut pris d'une horreur sacrée, lorsqu'elle entra dans son esprit. Il dut lui sembler, en effet, que tous les cercles de l'enfer s'enroulaient en une spirale infinie autour de la pauvre humanité. Que restait-il désormais aux déshérités de ce