n’avait jamais cherché à corriger personne ni offensé âme qui vive ». Beaucoup plus jeune que son mari, elle reportait tout son amour sur son enfant; elle s’associait à ses jeux, surprenait le premier éveil de son intelligence, devinait son génie naissant. S’il faut en croire Bettina Brentano, elle lui faisait de longs récits, qu’elle interrompait au moment intéressant, pour lui laisser le soin d’imaginer le reste. C’est encore Bettina qui nous affirme que, tout jeune, il avait un tel sentiment de la beauté qu’il ne pouvait supporter la présence d’un enfant laid. Tandis qu’Élisabeth Textor dirigeait ainsi ce qu’on pourrait appeler le côté artistique de l’éducation de Wolfgang, le conseiller Goethe, avec l’esprit d’ordre qui était dans son caractère, lui faisait suivre un cours d’études régulier, à un âge où d’autres enfants savent à peine les rudiments de la grammaire. Parlant lui-même l’italien et le français, il l’instruisit dans ces deux langues. Ensuite ce fut le tour des langues classiques, et ce que le père ne savait pas il l’apprenait avec son élève. Goethe parle, dans ses Mémoires, d’un petit roman qu’il aurait composé dès lors, et où figuraient sept personnages, chacun s’exprimant dans une autre langue. Quoi qu’il en soit des détails plus ou moins historiques que ses amis nous ont conservés de sa jeunesse, ou que lui-même s’est plu à recueillir dans un âge avancé, ce qu’il importe de retenir, c’est l’esprit d’une éducation qui n’avait rien d’exclusif ni d’arbitraire, qui
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