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Page:Bossert - Essais sur la littérature allemande, Série I, 1905.djvu/92

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Vicence et Padoue, et, le 1er novembre, il écrit de Rome : « Enfin, je puis parler, et saluer mes amis d’un cœur joyeux! Qu’ils me pardonnent mon mystérieux départ et mon voyage en quelque sorte souterrain! C’est à peine si j’osais me dire à moi-même où j’allais. Ce n’est qu’en passant sous la Porta del Popolo que j’ai cessé de craindre : j’étais sûr enfin de tenir Rome. » Et plus loin : « Me voilà tranquille pour le reste de mes jours; car on peut dire que l’on commence une vie nouvelle, lorsqu’on voit de ses yeux et dans l’ensemble ce qu’on avait longuement étudié par fragments. Tous les rêves de ma jeunesse deviennent des réalités. Quand la Galathée de Pygmalion, qu’il avait formée selon ses vœux, avec toute la vérité qu’un artiste peut mettre dans ses œuvres, s’avança vers lui et dit : « C’est moi! combien l’être vivant fut-il différent de la pierre sculptée! » Il passe l’hiver à Rome, dans une société de peintres et d’archéologues, étudiant les monuments avec les écrits de Winckelmann pour guide, regardant beaucoup, écrivant peu, se laissant vivre. Lorsqu’il craint que sa nature d’Allemand, comme il dit, reprennen le dessus pour l’engager au travail, il part pour Naples (22 février 1787), « la ville où l’on oublie le monde et soi-même pour vivre dans une sorte d’ivresse ». Il fait le tour de la Sicile, l’Odyssée à la main, et conçoit le plan d’une tragédie sur Nausicaa, dont il n’a jamais écrit que quelques scènes. Le 6 juin, il revient à Rome, où il reste encore près