Page:Bossert - Essais sur la littérature allemande, Série I, 1905.djvu/98

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cet ouvrage, qui est unique dans la littérature allemande, et qui ne peut se comparer qu’aux élégies d’André Chénier.

Les Épigrammes vénitiennes nous transportent encore en Italie. La forme est pareille : c’est l’ancien distique, composé d’un hexamètre et d’un pentamètre; mais l’inspiration est différente. Les unes sont des épigrammes dans le sens grec, c’est-à-dire de simples inscriptions; d’autres sont des traits satiriques dirigés contre toutes les classes de la société, le clergé, la noblesse, le peuple; d’autres encore, des boutades sur le caractère italien, l’exploitation de l’étranger, la malpropreté des rues. Goethe était allé à Venise, au mois de mars 1790, à la rencontre de la duchesse Amélie, qui revenait de Rome; la duchesse tarda jusqu’au commencement de mai, et le poète occupa ses loisirs à écrire au jour le jour et sans ordre ces petites pièces qui ne lui coûtaient guère. Il est possible qu’un peu de mauvaise humeur se soit mêlée aux ennuis de l’attente : on s’expliquerait ainsi le ton acerbe de certaines épigrammes. Le recueil s’augmenta dans les années suivantes, et parut, en 1795, dans l’Almanach des Muses de Schiller.

En 1792, Goethe accompagna le duc de Saxe-Weimar dans la campagne de Valmy. Le soir de la bataille, comme on commençait à s’inquiéter dans le camp prussien, ses compagnons réunis autour d’un feu lui demandèrent ce qu’il pensait de la tournure