Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/104

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beaux caracteres. Le pere toûjours en paix, est toûjours prest dans le besoin à faire la guerre : le fils est toûjours en guerre, toûjours prest à donner la paix à ses ennemis et à l’empire. Son pere Antonin luy avoit appris, qu’il valoit mieux sauver un seul citoyen, que de défaire mille ennemis. Les parthes et les marcomans éprouverent la valeur de Marc-Aurele : les derniers estoient des germains que cet empereur achevoit de dompter quand il mourut. Par la vertu des deux Antonins, ce nom devint les délices des romains. La gloire d’un si beau nom ne fut effacée, ni par la molesse de Lucius Verus frere de Marc-Aurele et son collégue dans l’empire, ni par les brutalitez de Commode son fils et son successeur. Celuy-cy indigne d’avoir un tel pere, en oublia les enseignemens et les exemples. Le senat et les peuples le détesterent : ses plus assidus courtisans et sa maistresse le firent mourir. Son successeur Pertinax, vigoureux défenseur de la discipline militaire, se vit immolé à la fureur des soldats licentieux qui l’avoient un peu auparavant élevé malgré luy à la souveraine puissance. L’empire mis à l’encan par l’armée, trouva un acheteur. Le jurisconsulte Didius Julianus hasarda ce hardi marché : il luy en cousta la vie : Severe Africain le fit mourir, vengea Pertinax, passa d’Orient en Occident, triompha en Syrie, en Gaule et dans la Grande Bretagne. Rapide conquerant, il égala Cesar par ses victoires ; mais il