Aller au contenu

Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Aprés une longue dissimulation d’une si nouvelle doctrine, il fut convaincu et condamné au concile d’Antioche. La reine Zenobie soustint la guerre contre Aurelien, qui ne dédaigna pas de triompher d’une femme si célebre. Parmi de perpetuels combats il sceût faire garder aux gens de guerre la discipline romaine, et montra qu’en suivant les anciens ordres et l’ancienne frugalité, on pouvoit faire agir de grandes armées au dedans et au dehors, sans estre à charge à l’empire. Les francs commençoient alors à se faire craindre. C’estoit une ligue de peuples germains, qui habitoient le long du Rhin. Leur nom montre qu’ils estoient unis par l’amour de la liberté. Aurelien les avoit batus estant particulier, et les tint en crainte estant empereur. Un tel prince se fit haïr par ses actions sanguinaires. Sa colere trop redoutée luy causa la mort. Ceux qui se croyoient en peril le prévinrent, et son secretaire menacé se mit à la teste de la conjuration. L’armée qui le vit perir par la conspiration de tant de chefs, refusa d’élire un empereur, de peur de mettre sur le trosne un des assassins d’Aurelien ; et le senat rétabli dans son ancien droit, élût Tacite. Ce nouveau prince estoit venerable par son âge, et par sa vertu ; mais il devint odieux par les violences d’un parent à qui il donna le commandement de l’armée, et perit avec luy dans une sedition le sixiéme mois de son regne. Ainsi son