Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/128

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et de la foy aux seules forces du libre arbitre. Un siécle si malheureux à l’empire, et où il s’éleva tant d’héresies, ne laissa pas d’estre heureux au christianisme. Nul trouble ne l’ébranla, nulle héresie ne le corrompit. L’eglise feconde en grands hommes confondit toutes les erreurs. Aprés les persecutions, Dieu se plut à faire éclater la gloire de ses martyrs : toutes les histoires et tous les écrits sont pleins des miracles que leur secours imploré, et leurs tombeaux honorez operoient par toute la terre. Vigilance qui s’opposoit à des sentimens si receûs, refuté par saint Jerosme, demeura sans suite. La foy chrestienne s’affermissoit, et s’étendoit tous les jours. Mais l’empire d’Occident n’en pouvoit plus. Attaqué par tant d’ennemis, il fut encore affoibli par les jalousies de ses généraux. Par les artifices d’Aétius, Boniface comte d’Afrique devint suspect à Placidie. Le comte maltraité fit venir d’Espagne Genseric et les vandales que les gots en chassoient, et se repentit trop tard de les avoir appellez. L’Afrique fut ostée à l’empire. L’eglise souffrit des maux infinis par la violence de ces ariens, et vit couronner une infinité de martyrs. Deux furieuses héresies s’éleverent : Nestorius patriarche de Constantinople divisa la personne de Jesus-Christ ; et vingt ans aprés, Eutyches abbé en confondit les deux natures. Saint Cyrille patriarche d’Alexandrie s’opposa à Nestorius,