Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/146

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rois qu’il fit et défit à sa fantaisie, sans oser prendre ce grand titre. La jalousie des seigneurs françois vouloit estre ainsi trompée. La religion s’établissoit en Allemagne. Le prestre saint Boniface convertit ces peuples, et en fut fait evesque par le pape Gregoire Ii qui l’y avoit envoyé. L’empire estoit alors assez paisible ; mais Leon y mit le trouble pour long-temps. Il entreprit de renverser comme des idoles les images de Jesus-Christ et de ses saints. Comme il ne put attirer à ses sentimens saint Germain patriarche de Constantinople, il agit de son autorité, et aprés une ordonnance du senat, on luy vit d’abord briser une image de Jesus-Christ, qui estoit posée sur la grande porte de l’eglise de Constantinople. Ce fut par là que commencerent les violences des iconoclastes, c’est à dire des brise-images. Les autres images que les empereurs, les evesques, et tous les fideles avoient érigées depuis la paix de l’eglise dans les lieux publics et particuliers, furent aussi abbatuës. à ce spectacle le peuple s’émût. Les statuës de l’empereur furent renversées en divers endroits. Il se crut outragé en sa personne : on luy reprocha un semblable outrage qu’il faisoit à Jesus-Christ et à ses saints, et que de son aveu propre l’injure faite à l’image retomboit sur l’original. L’Italie passa encore plus avant : l’impieté de l’empereur fut cause qu’on luy refusa les tributs ordinaires. Luitprand