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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/199

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La memoire de ces grands hommes estoit récente, non seulement dans tout le païs, mais encore dans tout l’Orient, où plusieurs nations célebres n’ont jamais oublié qu’elles venoient de leur race.

Ainsi quand le peuple hebreu entra dans la terre promise, tout y célebroit leurs ancestres ; et les villes et les montagnes, et les pierres mesmes y parloient de ces hommes merveilleux, et des visions étonnantes par lesquelles Dieu les avoit confirmez dans l’ancienne et véritable croyance. Ceux qui connoissent tant soit peu les antiquitez, sçavent combien les premiers temps estoient curieux d’ériger, et de conserver de tels monumens, et combien la posterité retenoit soigneusement les occasions qui les avoient fait dresser. C’estoit une des manieres d’écrire l’histoire : on a depuis façonné et poli les pierres ; et les statuës ont succedé aprés les colonnes aux masses grossieres et solides, que les premiers temps érigeoient.

On a mesme de grandes raisons de croire que dans la lignée où s’est conservée la connoissance de Dieu, on conservoit aussi par écrit des memoires des anciens temps. Car les hommes n’ont jamais esté sans ce soin. Du moins est-il asseûré qu’il se faisoit des cantiques que les peres apprenoient à leurs enfans ; cantiques qui se chantant dans les festes et dans les assemblées,