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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/207

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des hommes ; outre les copies qui couroient parmi le peuple, on en faisoit des exemplaires authentiques, qui soigneusement reveûs et gardez par les prestres et les levites, tenoient lieu d’originaux. Les rois (car Moïse avoit bien préveu que ce peuple voudroit enfin avoir des rois comme tous les autres) les rois, dis-je, estoient obligez par une loy expresse du deuteronome à recevoir des mains des prestres un de ces exemplaires si religieusement corrigez, afin qu’ils le transcrivissent, et le leussent toute leur vie. Les exemplaires ainsi reveûs par autorité publique estoient en singuliere véneration à tout le peuple : on les regardoit comme sortis immediatement des mains de Moïse, aussi purs et aussi entiers que Dieu les luy avoit dictez. Un ancien volume de cette sévere et religieuse correction ayant esté trouvé dans la maison du Seigneur, sous le regne de Josias, et peut-estre estoit-ce l’original mesme que Moïse avoit fait mettre auprés de l’arche, excita la pieté de ce saint roy, et luy fut une occasion de porter ce peuple à la penitence. Les grands effets qu’a operé dans tous les temps la lecture publique de cette loy sont innombrables. En un mot c’estoit un livre parfait, qui estant joint par Moïse à l’histoire du peuple de Dieu, luy apprenoit tout ensemble son origine, sa religion, sa police, ses moeurs, sa philosophie, tout ce qui sert à regler la vie, tout ce qui unit et forme la