Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/25

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fabuleux, ou heroïques ; fabuleux, à cause des fables dont les histoires de ces temps sont envelopées ; heroïques, à cause de ceux que les poëtes ont appellé les enfans des dieux, et les heros. Leur vie n’est pas éloignée de cette prise. Car du temps de Laomédon pere de Priam, paroissent tous les heros de la toison d’or, Jason, Hercule, Orphée, Castor, et Pollux, et les autres qui vous sont connus ; et du temps de Priam mesme, durant le dernier siége de Troye, on voit les Achilles, les Agamemnon, les Menelas, les Ulysses, Hector, Sarpedon fils de Jupiter, Enée fils de Venus, que les romains reconnoissent pour leur fondateur, et tant d’autres, dont des familles illustres et des nations entiéres ont fait gloire de descendre. Cette epoque est donc propre pour rassembler ce que les temps fabuleux ont de plus certain, et de plus beau. Mais ce qu’on voit dans l’histoire sainte est en toutes façons plus remarquable : la force prodigieuse d’un Samson, et sa foiblesse étonnante ; Eli souverain pontife, venerable par sa pieté, et malheureux par le crime de ses enfans ; Samuël juge irreprochable, et prophete choisi de Dieu pour sacrer les rois ; Saül premier roy du peuple de Dieu, ses victoires, sa présomption à sacrifier sans les prestres, sa desobéïssance mal excusée par le prétexte de la religion, sa réprobation, sa chute funeste. En ce temps Codrus