Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/253

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dont la valeur rétablit la gloire ancienne du peuple de Dieu. Ces trois grands hommes virent les rois de Syrie et tous les peuples voisins conjurez contre eux ; et ce qui estoit de plus déplorable, ils virent à diverses fois ceux de Juda mesme armez contre leur patrie et contre Jérusalem : chose inoûïe jusqu’alors, mais expressément marquée par les prophetes. Au milieu de tant de maux, la confiance qu’ils eûrent en Dieu les rendit intrepides et invincibles. Le peuple fut toûjours heureux sous leur conduite ; et enfin du temps de Simon, affranchi du joug des gentils, il se soumit à luy et à ses enfans, du consentement des rois de Syrie.

Mais l’acte par lequel le peuple de Dieu transporte à Simon toute la puissance publique, et luy accorde les droits royaux, est remarquable. Le decret porte qu’il en joûïra luy et sa posterité jusqu’à ce qu’il vienne un fidele et veritable prophete .

Le peuple accoustumé dés son origine à un gouvernement divin, et sçachant que depuis le temps que David avoit esté mis sur le trosne par ordre de Dieu, la souveraine puissance appartenoit à sa maison, à qui elle devoit estre à la fin renduë au temps du messie, mit expressément cette restriction au pouvoir qu’il donna à ses pontifes, et continua de vivre sous eux dans l’esperance de ce Christ tant de fois promis. C’est ainsi que ce royaume absolument libre usa de son droit, et pourveût à son gouvernement.