Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/261

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belles choses sur la nature divine, n’ont osé s’opposer à l’erreur publique, et ont desesperé de la pouvoir vaincre. Quand Socrate fut accusé de nier les dieux que le public adoroit, il s’en défendit comme d’un crime ; et Platon, en parlant du dieu qui avoit formé l’univers, dit qu’il est difficile de le trouver, et qu’il est défendu de le déclarer au peuple. Il proteste de n’en parler jamais qu’en énigme, de peur d’exposer une si grande verité à la moquerie. Dans quel abisme estoit le genre humain, qui ne pouvoit supporter la moindre idée du vray dieu ? Athenes, la plus polie et la plus sçavante de toutes les villes greques, prenoit pour athées ceux qui parloient des choses intellectuelles ; et c’est une des raisons qui avoit fait condamner Socrate. Si quelques philosophes osoient enseigner que les statuës n’estoient pas des dieux comme l’entendoit le vulgaire, ils se voyoient contraints de s’en dédire : encore aprés cela estoient-ils bannis comme des impies par sentence de l’aréopage. Toute la terre estoit possedée de la mesme erreur : la verité n’y osoit paroistre. Ce grand dieu créateur du monde n’avoit de temple ni de culte qu’en Jérusalem. Quand les gentils y envoyoient leurs offrandes, ils ne faisoient autre honneur au dieu d’Israël, que de le joindre aux autres dieux. La seule Judée connoissoit sa sainte et sévere jalousie, et sçavoit