Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/300

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Ainsi fut accompli de point en point l’ancien oracle de Jacob : Juda est multiplié dés le commencement plus que tous ses freres ; et ayant toûjours conservé une certaine prééminence, il reçoit enfin la royauté comme heréditaire. Dans la suite, le peuple de Dieu est réduit à sa seule race ; et renfermé dans sa tribu, il prend son nom. En Juda se continuë ce grand peuple promis à Abraham, à Isaac et à Jacob ; en luy se perpetuënt les autres promesses, le culte de Dieu, le temple, les sacrifices, la possession de la terre promise qui ne s’appelle plus que la Judée. Malgré leurs divers estats, les juifs demeurent toûjours en corps de peuple reglé et de royaume, usant de ses loix. On y voit naistre toûjours ou des rois, ou des magistrats et des juges, jusqu’à ce que le messie vienne : il vient, et le royaume de Juda peu à peu tombe en ruine. Il est détruit tout à fait, et le peuple juif est chassé sans esperance de la terre de ses peres. Le messie devient l’attente des nations, et il regne sur un nouveau peuple.

Mais pour garder la succession et la continuité, il falloit que ce nouveau peuple fust enté pour ainsi dire sur le premier, et comme dit saint Paul, l’olivier sauvage sur le franc olivier, afin de participer à sa bonne seve . Aussi est-il arrivé que l’eglise établie premierement parmi les juifs, a receû enfin les gentils pour faire avec eux un mesme arbre, un mesme corps, un mesme peuple,