Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/302

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avoit eû la gloire qui luy estoit promise, quand le desiré des nations y estoit venu. La Jérusalem visible avoit fait ce qui luy restoit à faire, puis que l’eglise y avoit pris sa naissance, et que de là elle étendoit tous les jours ses branches par toute la terre. La Judée n’est plus rien à Dieu ni à la religion, non plus que les juifs ; et il est juste qu’en punition de leur endurcissement, leurs ruines soient dispersées par toute la terre.

C’est ce qui leur devoit arriver au temps du messie selon Jacob, selon Daniel, selon Zacharie, et selon tous leurs prophetes : mais comme ils doivent revenir un jour à ce messie qu’ils ont méconnu, et que le dieu d’Abraham n’a pas encore épuisé ses misericordes sur la race quoy-qu’infidele de ce patriarche, il a trouvé un moyen, dont il n’y a dans le monde que ce seul exemple, de conserver les juifs hors de leur païs et dans leur ruine plus long-temps mesme que les peuples qui les ont vaincus. On ne voit plus aucun reste ni des anciens assyriens, ni des anciens medes, ni des anciens perses, ni des anciens grecs, ni mesme des anciens romains. La trace s’en est perduë, et ils se sont confondus avec d’autres peuples. Les juifs qui ont esté la proye de ces anciennes nations si célebres dans les histoires, leur ont survescu, et Dieu en les conservant nous tient en attente de ce qu’il veut faire encore des malheureux restes d’un peuple