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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/308

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peres, c’est à dire au Christ qu’ils ont renié. Ce grand apostre nous fait voir la grace qui passe de peuple en peuple pour tenir tous les peuples dans la crainte de la perdre ; et nous en montre la force invincible, en ce qu’aprés avoir converti les idolatres, elle se réserve pour dernier ouvrage de convaincre l’endurcissement et la perfidie judaïque.

Par ce profond conseil de Dieu les juifs subsistent encore au milieu des nations, où ils sont dispersez et captifs : mais ils subsistent avec le caractere de leur réprobation, décheûs visiblement par leur infidelité des promesses faites à leurs peres, bannis de la terre promise, n’ayant mesme aucune terre à cultiver, esclaves par tout où ils sont, sans honneur, sans liberté, sans aucune figure de peuple.

Ils sont tombez en cét estat trente huit-ans aprés qu’ils ont eû crucifié Jesus-Christ, et aprés avoir employé à persecuter ses disciples le temps qui leur avoit esté laissé pour se reconnoistre. Mais pendant que l’ancien peuple est réprouvé pour son infidelité, le nouveau peuple s’augmente tous les jours parmi les gentils : l’alliance autrefois faite avec Abraham s’étend selon la promesse à tous les peuples du monde qui avoient oublié Dieu : l’eglise chrestienne appelle à luy tous les hommes ; et tranquille durant plusieurs siecles, parmi des persecutions inoûïes, elle leur montre à ne point attendre leur felicité sur la terre.