Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/330

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lors qu’elle seroit saccagée, (car il vouloit qu’il y eust dans le sac de cette ville une image de la derniere separation des bons et des mauvais) commença à leur raconter tous les malheurs comme ils devoient arriver l’un aprés l’autre. Premierement il leur marque des pestes, des famines, et des tremblemens de terre : et les histoires font foy, que jamais ces choses n’avoient esté plus frequentes ni plus remarquables qu’ils le furent durant ces temps. Il ajouste qu’il y auroit par tout l’univers des troubles, etc., et qu’on verroit toute la terre dans l’agitation. Pouvoit-il mieux nous representer les dernieres années de Neron, lors que tout l’empire romain, c’est à dire tout l’univers, si paisible depuis la victoire d’Auguste et sous la puissance des empereurs, commença à s’ébranler, et qu’on vit les Gaules, les Espagnes, tous les royaumes dont l’empire estoit composé, s’émouvoir tout à coup ; quatre empereurs s’élever presque en mesme temps contre Neron et les uns contre les autres ; les cohortes prétoriennes, les armées de Syrie, de Germanie, et toutes les autres qui estoient répanduës en Orient et en Occident s’entrechoquer et traverser sous la conduite de leurs empereurs d’une extrémité du monde à l’autre pour décider leur querelle par de sanglantes batailles ? Voilà de grands maux, dit le fils de Dieu ; mais