Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/343

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Nous avons veû, monseigneur, que deux propheties marquoient aux juifs le temps du Christ, celle de Jacob, et celle de Daniel. Elles marquoient toutes deux la ruine du royaume de Juda au temps que le Christ viendroit. Mais Daniel expliquoit que la totale destruction de ce royaume devoit estre une suite de la mort du Christ : et Jacob disoit clairement, que dans la décadence du royaume de Juda, le Christ qui viendroit alors seroit l’attente des peuples ; c’est à dire, qu’il en seroit le liberateur, et qu’il se feroit un nouveau royaume composé non plus d’un seul peuple, mais de tous les peuples du monde. Les paroles de la prophetie ne peuvent avoir d’autre sens, et c’estoit la tradition constante des juifs qu’elles devoient s’entendre de cette sorte.

De là cette opinion répanduë parmi les anciens rabbins, et qu’on voit encore dans leur talmud, que dans le temps que le Christ viendroit, il n’y auroit plus de magistrature : de sorte qu’il n’y avoit rien de plus important pour connoistre le temps de leur messie, que d’observer quand ils tomberoient dans cét estat malheureux. En effet, ils avoient bien commencé ; et s’ils n’avoient eû l’esprit occupé des grandeurs mondaines qu’ils vouloient trouver dans le messie, afin d’y avoir part sous son empire, ils n’auroient peû méconnoistre Jesus-Christ. Le fondement