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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/345

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On sçait assez que les romains en usoient ainsi, et ne touchoient point au gouvernement du dedans dans les païs à qui ils laissoient leurs rois naturels.

Enfin les juifs sont d’accord qu’ils perdirent cette puissance de vie et de mort, seulement quarante ans avant la desolation du second temple ; et on ne peut douter que ce ne soit le premier Hérode qui ait commencé à faire cette playe à leur liberté. Car depuis que pour se venger du sanedrin, où il avoit esté obligé de comparoistre luy mesme avant qu’il fust roy, et en suite pour s’attirer toute l’autorité à luy seul, il eût attaqué cette assemblée qui estoit comme le senat fondé par Moïse, et le conseil perpetuel de la nation où la supréme jurisdiction estoit exercée ; peu à peu ce grand corps perdit son pouvoir, et il luy en restoit bien peu quand Jesus-Christ vint au monde. Les affaires empirerent sous les enfans d’Hérode, lors que le royaume d’Archelaus, dont Jérusalem estoit la capitale, réduit en province romaine, fut gouverné par des présidens que les empereurs envoyoient. Dans ce malheureux estat les juifs garderent si peu la puissance de vie et de mort, que pour faire mourir Jesus-Christ, qu’à quelque prix que ce fust ils vouloient perdre, il leur fallut avoir recours à Pilate ; et ce foible gouverneur leur ayant dit qu’ils le fissent mourir eux-mesmes, ils répondirent tout d’une voix,