Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/356

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais il ne considera pas que cette desolation devoit estre précedée de la venuë du Christ et de sa mort ; de sorte qu’il n’entendit que la moitié de la prophetie.

Les juifs qui sont venus aprés luy ont voulu suppléer à ce defaut. Ils nous ont forgé un Agrippa descendu d’Hérode, que les romains, disent-ils, ont fait mourir un peu devant la ruine de Jérusalem ; et ils veulent que cét Agrippa, Christ par son titre de roy, soit le Christ dont il est parlé dans Daniel : nouvelle preuve de leur aveuglement. Car outre que cét Agrippa ne peut estre ni le juste, ni le saint des saints, ni la fin des propheties, tel que devoit estre le Christ que Daniel marquoit en ce lieu ; outre que le meurtre de cét Agrippa, dont les juifs estoient innocens, ne pouvoit pas estre la cause de leur desolation, comme devoit estre la mort du Christ de Daniel : ce que disent icy les juifs est une fable. Cét Agrippa descendu d’Hérode fut toûjours du parti des romains : il fut toûjours bien traité par leurs empereurs, et regna dans un canton de la Judée long-temps aprés la prise de Jerusalem, comme l’atteste Josephe et les autres contemporains.

Ainsi tout ce qu’inventent les juifs pour éluder les propheties, les confond. Eux-mesmes ils ne se fient pas à des inventions si grossieres, et leur meilleure défense est dans cette loy qu’ils ont établie de ne supputer plus les jours du messie.