Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/401

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choses dans le temps qu’elles estoient arrivées, ou que la memoire en estoit récente. Ainsi ceux qui les sçavoient les ont écrites ; ceux qui les sçavoient ont receû les livres qui en rendoient témoignage : les uns et les autres les ont laissez à leurs descendans comme un heritage précieux ; et la pieuse posterité les a conservez. C’est ainsi que s’est formé le corps des ecritures saintes tant de l’ancien que du nouveau testament : ecritures qu’on a regardées dés leur origine comme veritables en tout, comme données de Dieu-mesme, et qu’on a aussi conservées avec tant de religion, qu’on n’a pas cru pouvoir sans impieté y alterer une seule lettre. C’est ainsi qu’elles sont venuës jusqu’à nous, toûjours saintes, toûjours sacrées, toûjours inviolables ; conservées les unes par la tradition constante du peuple juif, et les autres par la tradition du peuple chrestien d’autant plus certaine, qu’elle a esté confirmée par le sang et par le martyre tant de ceux qui ont écrit ces livres divins que de ceux qui les ont receûs. Saint Augustin et les autres peres demandent sur la foy de qui nous attribuons les livres profanes à des temps et à des auteurs certains. Chacun répond aussitost que les livres sont distinguez par les differens rapports qu’ils ont aux loix, aux coustumes, aux histoires d’un certain temps, par le stile mesme qui porte imprimé le caractere des âges et des auteurs particuliers ;