Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/45

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et plûtost mesme qu’Herodote, quoy-qu’il soit tres-judicieux. Ce qui m’a déterminé à ce choix, c’est que l’histoire de Xenophon plus suivie et plus vray-semblable en elle-mesme, a encore cét avantage qu’elle est plus conforme à l’ecriture, qui par son antiquité et par le rapport des affaires du peuple juif avec celles de l’Orient, meriteroit d’estre préferée à toutes les histoires greques, quand d’ailleurs on ne sçauroit pas qu’elle a esté dictée par le Saint Esprit. Quant aux trois premieres monarchies, ce qu’en ont écrit la pluspart des grecs, a paru douteux aux plus sages de la Grece. Platon fait voir en général sous le nom des prestres d’Egypte, que les grecs ignoroient profondément les antiquitez ; et Aristote a rangé parmi les conteurs de fables, ceux qui ont écrit les assyriaques.

C’est que les grecs ont écrit tard, et que voulant divertir par les histoires anciennes la Grece toujours curieuse, ils les ont composées sur des memoires confus, qu’ils se sont contentez de mettre dans un ordre agréable, sans se trop soucier de la verité.

Et certainement la maniere dont on arrange ordinairement les trois premieres monarchies est visiblement fabuleuse. Car aprés qu’on a fait perir sous Sardanapale l’empire des assyriens, on fait paroistre sur le theatre les medes, et puis les perses ; comme si les medes