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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/468

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en figures hiéroglifiques à la maniere des egyptiens. Pour décrire son empire, il inventa les cartes de géographie. Cent temples fameux érigez en action de graces aux dieux tutelaires de toutes les villes, furent les premieres aussi-bien que les plus belles marques de ses victoires, et il eût soin de publier par les inscriptions, que ces grands ouvrages avoient esté achevez sans fatiguer ses sujets. Il mettoit sa gloire à les ménager, et à ne faire travailler aux monumens de ses victoires que les captifs. Salomon luy en avoit donné l’exemple. Ce sage prince n’avoit employé que les peuples tributaires dans les grands ouvrages qui ont rendu son regne immortel. Les citoyens estoient attachez à de plus nobles exercices : ils apprenoient à faire la guerre, et à commander. Sesostris ne pouvoit pas se regler sur un plus parfait modele. Il regna trente-trois ans, et joûït long-temps de ses triomphes, beaucoup plus digne de gloire, si la vanité ne luy eust pas fait traisner son char par les rois vaincus. Il semble qu’il ait dédaigné de mourir comme les autres hommes. Devenu aveugle dans sa vieillesse, il se donna la mort à luy-mesme, et laissa l’Egypte riche à jamais. Son empire pourtant ne passa pas la quatriéme génération. Mais il restoit encore du temps de Tibere des monumens magnifiques, qui en marquoient l’étenduë et la quantité des tributs. L’Egypte retourna bientost à son humeur pacifique. On a