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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/473

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voit durer trop long-temps les petits royaumes dont il la faudroit composer, si elle estoit aussi ancienne et aussi étenduë que le fabuleux Ctesias, et ceux qui l’en ont cru sur sa parole nous la décrivent. Il est vray que Platon curieux observateur des antiquitez fait le royaume de Troye du temps de Priam une dépendance de l’empire des assyriens. Mais on n’en voit rien dans Homere, qui, dans le dessein qu’il avoit de relever la gloire de la Grece, n’auroit pas oublié cette circonstance ; et on peut croire que les assyriens estoient peu connus du costé de l’occident, puis qu’un poëte si sçavant et si curieux d’orner son poëme de tout ce qui appartenoit à son sujet, ne les y fait point paroistre.

Cependant, selon la supputation que nous avons jugé la plus raisonnable, le temps du siege de Troye estoit le beau temps des assyriens, puis que c’est celuy des conquestes de Semiramis : mais c’est qu’elles s’étendirent seulement vers l’orient. Ceux qui la flatent le plus luy font tourner ses armes de ce costé-là. Elle avoit eû trop de part aux conseils et aux victoires de Ninus pour ne pas suivre ses desseins, si convenables d’ailleurs à la situation de son empire ; et je ne croy pas qu’on puisse douter que Ninus ne se soit attaché à l’orient, puis que Justin mesme qui le favorise autant qu’il peut, luy fait terminer aux frontieres de la Lybie les entreprises qu’il fit du costé de l’occident.