Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/475

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compte celle du royaume des israëlites ou de Samarie. Il ne fallut rien moins que la main de Dieu, et un miracle visible pour les empescher d’accabler la Judée sous Ezéchias ; et on ne sceût plus quelles bornes on pourroit donner à leur puissance, quand on leur vit envahir un peu aprés dans leur voisinage le royaume de Babylone, où la famille royale estoit defaillie.

Babylone sembloit estre née pour commander à toute la terre. Ses peuples estoient pleins d’esprit et de courage. De tout temps la philosophie regnoit parmi eux avec les beaux arts, et l’orient n’avoit gueres de meilleurs soldats que les chaldéens. L’antiquité admire les riches moissons d’un païs que la negligence de ses habitans laisse maintenant sans culture ; et son abondance le fit regarder sous les anciens rois de Perse comme la troisiéme partie d’un si grand empire. Ainsi les rois d’Assyrie enflez d’un accroissement qui ajoustoit à leur monarchie une ville si opulente, conceûrent de nouveaux desseins. Nabuchodonosor I crut son empire indigne de luy, s’il n’y joignoit tout l’univers. Nabuchodonosor Ii superbe plus que tous les rois ses prédecesseurs, aprés des succés inoûïs et des conquestes surprenantes, voulut plustost se faire adorer comme un dieu, que commander comme un roy. Quels ouvrages n’entreprit-il point dans Babylone ? Quelles murailles, quelles tours, quelles portes, et quelle enceinte y vit-on paroistre !