Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/488

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

parmi les grecs la douceur et la déference mutuelle qui rend les hommes sociables : l’homme civil n’estoit autre chose qu’un bon citoyen qui se regarde toûjours comme membre de l’estat, qui se laisse conduire par les loix, et conspire avec elles au bien public, sans rien entreprendre sur personne. Les anciens rois que la Grece avoit eûs en divers païs, un Minos, un Cecrops, un Thesée, un Codrus, un Temene, un Cresphonte, un Eurystene, un Patrocles, et les autres semblables, avoient répandu cét esprit dans toute la nation. Ils furent tous populaires, non point en flatant le peuple, mais en procurant son bien, et en faisant regner la loy.

Que diray-je de la severité des jugemens ? Quel plus grave tribunal y eût-il jamais que celuy de l’aréopage si réveré dans toute la Grece, qu’on disoit que les dieux mesmes y avoient comparu ? Il a esté célebre dés les premiers temps, et Cecrops apparemment l’avoit fondé sur le modele des tribunaux de l’égypte. Aucune compagnie n’a conservé si long-temps la réputation de son ancienne severité, et l’éloquence trompeuse en a toûjours esté bannie. Les grecs ainsi policez peu à peu se crurent capables de se gouverner eux-mesmes, et la pluspart des villes se formerent en républiques. Mais de sages legislateurs qui s’éleverent en chaque païs, un Thales, un Pythagore, un Pittacus,