Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/492

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elle fut attaquée par Darius fils d’Hystaspe et par Xerxes, avec des armées dont la grandeur paroist fabuleuse, tant elle est énorme. Aussitost chacun se prépare à défendre sa liberté. Quoy-que toutes les villes de Grece fissent autant de républiques, l’interest commun les réünit, et il ne s’agissoit entre elles que de voir qui feroit le plus pour le bien public. Il ne cousta rien aux atheniens d’abandonner leur ville au pillage et à l’incendie ; et aprés qu’ils eûrent sauvé leurs vieillards et leurs femmes avec leurs enfans, ils mirent sur des vaisseaux tout ce qui estoit capable de porter les armes. Pour arrester quelques jours l’armée persienne à un passage difficile, et pour luy faire sentir ce que c’estoit que la Grece, une poignée de lacedémoniens courut avec son roy à une mort asseûrée, contens en mourant d’avoir immolé à leur patrie un nombre infini de ces barbares, et d’avoir laissé à leurs compatriotes l’exemple d’une hardiesse inoûïe. Contre de telles armées et une telle conduite, la Perse se trouva foible, et éprouva plusieurs fois à son dommage, ce que peut la discipline contre la multitude et la confusion, et ce que peut la valeur conduite avec art contre une impetuosité aveugle.

Il ne restoit à la Perse tant de fois vaincuë, que de mettre la division parmi les grecs ; et l’estat mesme où ils se trouvoient par leurs victoires, rendoit cette entreprise facile. Comme