Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/496

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et l’empeschoient de tomber dans la dépendance de l’une ou de l’autre de ces républiques. Les perses apperceûrent bientost cét estat de la Grece. Ainsi tout le secret de leur politique, estoit d’entretenir ces jalousies, et de fomenter ces divisions. Lacédemone qui estoit la plus ambitieuse, fut la premiere à les faire entrer dans les querelles des grecs. Ils y entrerent dans le dessein de se rendre maistres de toute la nation ; et soigneux d’affoiblir les grecs les uns par les autres, ils n’attendoient que le moment de les accabler tous ensemble. Déja les villes de Grece ne regardoient dans leurs guerres que le roy de Perse qu’elles appelloient le grand roy, ou le roy par excellence, comme si elles se fussent déja comptées pour sujetes : mais il n’estoit pas possible que l’ancien esprit de la Grece ne se réveillast à la veille de tomber dans la servitude, et entre les mains des barbares. De petits rois grecs entreprirent de s’opposer à ce grand roy, et de ruiner son empire. Avec une petite armée, mais nourrie dans la discipline que nous avons veûë, Agesilas roy de Lacedémone fit trembler les perses dans l’Asie Mineure, et montra qu’on les pouvoit abbatre. Les seules divisions de la Grece arresterent ses conquestes : mais il arriva dans ces temps-là que le jeune Cyrus frere d’Artaxerxe se révolta contre luy. Il avoit dix mille grecs dans ses troupes, qui seuls ne purent estre rompus dans la déroute universelle de son armée.