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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/507

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Aprés la ruine de Carthage, on voit encore de grands exemples de la premiere simplicité. Aemilius Paulus qui augmenta le tresor public par le riche tresor des rois de Macedoine, vivoit selon les regles de l’ancienne frugalité, et mourut pauvre. Mummius, en ruinant Corinthe, ne profita que pour le public des richesses de cette ville opulente et voluptueuse. Ainsi les richesses estoient méprisées : la modération et l’innocence des généraux romains faisoient l’admiration des peuples vaincus. Cependant dans ce grand amour de la pauvreté, les romains n’épargnoient rien pour la grandeur et pour la beauté de leur ville. Dés leurs commencemens, les ouvrages publics furent tels, que Rome n’en rougit pas depuis mesme qu’elle se vit maistresse du monde. Le capitole basti par Tarquin le superbe, et le temple qu’il éleva à Jupiter dans cette forteresse, estoient dignes deslors de la majesté du plus grand des dieux, et de la gloire future du peuple romain. Tout le reste répondoit à cette grandeur. Les principaux temples, les marchez, les bains, les places publiques, les grands chemins, les aqueducs, les cloaques mesmes et les égouts de la ville avoient une magnificence qui paroistroit incroyable, si elle n’estoit attestée par tous les historiens, et confirmée par les restes que nous en voyons. Que diray-je de la pompe des triomphes, des céremonies de la religion,