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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/511

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et mieux profiter du temps dans la meslée. C’est ce que vous pourrez voir quelque jour plus exactement dans Polybe ; et vous avez souvent remarqué vous-mesme dans les commentaires de Cesar, que les romains commandez par ce grand homme ont subjugué les gaulois plus encore par les adresses de l’art militaire que par leur valeur.

Les macedoniens si jaloux de conserver l’ancien ordre de leur milice formée par Philippe et par Alexandre croyoient leur phalange invincible, et ne pouvoient se persuader que l’esprit humain fust capable de trouver quelque chose de plus ferme. Cependant le mesme Polybe et Tite Live aprés luy ont démontré, qu’à considerer seulement la nature des armées romaines et de celles des macedoniens, les dernieres ne pouvoient manquer d’estre batuës à la longue, parce que la phalange macedonienne qui n’estoit qu’un gros bataillon quarré, fort épais de toutes parts, ne pouvoit se mouvoir que tout d’une piéce, au lieu que l’armée romaine distinguée en petits corps, estoit plus prompte et plus disposée à toute sorte de mouvemens. Les romains ont donc trouvé, ou ils ont bientost appris l’art de diviser les armées en plusieurs bataillons et escadrons, et de former les corps de réserve, dont le mouvement est si propre à pousser ou à soustenir ce qui s’ébranle de part et d’autre. Faites marcher contre des