Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/552

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des guerres civiles, et des massacres effroyables. Ainsi l’empire s’énerve par le relaschement de la discipline, et tout ensemble il s’épuise par tant de guerres intestines.

Au milieu de tant de desordres, la crainte et la majesté du nom romain diminuë. Les Parthes souvent vaincus deviennent redoutables du costé de l’orient sous l’ancien nom de Perses qu’ils reprennent. Les nations septentrionales qui habitoient des terres froides et incultes, attirées par la beauté et par la richesse de celle de l’empire, en tentent l’entrée de toutes parts. Un seul homme ne suffit plus à soustenir le fardeau d’un empire si vaste et si fortement attaqué. La prodigieuse multitude des guerres, et l’humeur des soldats qui vouloient voir à leur teste des empereurs et des Cesars, oblige à les multiplier.

L’empire mesme estant regardé comme un bien heréditaire, les empereurs se multiplient naturellement par la multitude des enfans des princes.

Marc Aurele associe son frere à l’empire. Severe fait ses deux enfans empereurs. La necessité des affaires oblige Diocletien à partager l’orient et l’occident entre luy et Maximien : chacun d’eux surchargé, se soulage en élisant deux Cesars.