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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/555

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En elle-mesme vous la voyez au commencement dans un estat monarchique établi selon ses loix primitives, en suite dans sa liberté, et enfin soumise encore une fois au gouvernement monarchique, mais par force et par violence. Il vous est aisé de concevoir de quelle sorte s’est formé l’estat populaire en suite des commencemens qu’il avoit dés les temps de la royauté ; et vous ne voyez pas dans une moindre évidence, comment dans la liberté s’établissoient peu à peu les fondemens de la nouvelle monarchie.

Car de mesme que vous avez veû le projet de république dressé dans la monarchie par Servius Tullius, qui donna comme un premier goust de la liberté au peuple romain ; vous avez aussi observé que la tyrannie de Sylla, quoy-que passagere, quoy-que courte, a fait voir que Rome, malgré sa fierté, estoit autant capable de porter le joug que les peuples qu’elle tenoit asservis.

Pour connoistre ce qu’a operé successivement cette jalousie furieuse entre les ordres, vous n’avez qu’à distinguer les deux temps que je vous ay expressément marquez : l’un, où le peuple estoit retenu dans certaines bornes par les perils qui l’environnoient de tous costez ; et l’autre, où n’ayant plus rien à craindre au dehors, il s’est abandonné sans réserve à sa passion.