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Page:Bossuet - Discours sur l’Histoire universelle, 1681.djvu/62

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depuis Abraham, enfermoit déja quinze siecles. Herodote n’avoit garde de parler des juifs dans l’histoire qu’il nous a laissée ; et les grecs n’avoient besoin d’estre informez que des peuples que la guerre, le commerce, ou un grand éclat leur faisoit connoistre. La Judée qui commençoit à peine à se relever de sa ruine, n’attiroit pas les regards. Ce fut dans des temps si malheureux que la langue hébraïque cessa d’estre vulgaire. Durant la captivité, et ensuite par le commerce qu’il fallut avoir avec les chaldéens, les juifs apprirent la langue chaldaique fort approchante de la leur, et qui avoit presque le mesme genie. Cette raison leur fit changer l’ancienne figure des lettres hébraiques, et ils écrivirent l’hebreu avec les lettres des chaldéens plus usitées parmi eux, et plus aisées à former. Ce changement fut aisé entre deux langues voisines dont les lettres estoient de mesme valeur, et ne differoient que dans la figure. Depuis ce temps on ne trouve l’ecriture sainte parmi les juifs qu’en lettres chaldaiques ; mais les samaritains retinrent toûjours l’ancienne maniere de l’écrire. Leurs descendans ont perseveré dans cét usage jusqu’à nos jours, et nous ont par ce moyen conservé le pentateuque, qu’on appelle samaritain, en anciens caracteres hébraiques tels qu’on les trouve dans les médailles et dans tous les monumens des siecles passez.

Les juifs vivoient avec douceur sous l’autorité