Page:Bossuet - Textes choisis et commentés par H. Brémond, tome 1 - 1913.djvu/288

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sorte ; expressif et caractéristique autant que méritoire et grâce à cette mesure même ; constamment digne et probe ; vrai enfin, et là où il cesse d’être vrai d’exactitude, vrai encore de sincérité et de bonne foi. »


XVII

ORAISON FUNÈBRE DE HENRIETTE-MARIE DE FRANCE, REINE DE LA GRANDE-BRETAGNE[1]


Prononcée le 16 novembre 1669 en présence de Monsieur frère du roi, et de Madame, en l’église des religieuses de Sainte-Marie de Chaillot, où repose le cœur de Sa Majesté.


Et nunc, reges, intelligite ; erudimini, qui judicatis terram.
Maintenant, ô rois, apprenez ; instruisez-vous, juges de la terre.
(PS., II, 10.)


Monseigneur[2],


Celui qui règne dans les cieux, et de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l’indépendance, est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et de terribles leçons. Soit qu’il élève les trônes, soit qu’il les abaisse, soit qu’il communique sa puissance aux princes, soit qu’il la retire à lui-même, et ne leur laisse que leur propre faiblesse, il leur apprend leurs devoirs d’une manière souveraine et digne

  1. Henriette-Marie de France, la dernière des filles de Henri IV, était née le 20 novembre 1609. Mariée en 1625 à Charles Ier d’Angleterre, elle se réfugia en France en 1664, et mourut à Chaillot le 10 septembre 1669.
  2. Philippe, frère du roi, duc d’Orléans, gendre de la reine d’Angleterre.