Aller au contenu

Page:Botrel - Chansons de route, 1915.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

 


 

PRINTEMPS DE GUERRE

(Sonnet.)
« Pas de femmes !… »xxx
(Le Petit Duc.)

L’heure n’est pas aux madrigaux, mes camarades,
Et l’on sera sévère à ceux-là qui viendront
Chanter, amoroso, de tendres sérénades
Au rythme du canon farouche et du clairon ;

Mais, sans soupirs amers, mais, sans regrets maussades,
Tous les Poilus que vous consulterez, diront
Que, sans femmes, les jours décidément sont fades
Dans les cantonnements évacués du « front ».

De ce Printemps dix-neuf cent quinze on pourra dire
Qu’il lui manque à la fois l’élégance et le rire
De la promise, et de l’épouse, et de la sœur.

Mais notre sacrifice est rempli de douceur :
N’es-tu pas, entre toutes les femmes, chérie
Toi, la Mère, et l’Épouse, et l’Amante… ô Patrie ?

(Au front, 21 mars 1915.)