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Page:Botrel - Chansons de route, 1915.djvu/140

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Comme elles sont douces vos mains
Qui nous soignent aux lendemains
De nos tueries
Quand elles s’empressent vers nous
Avec des frôlements si doux,
Vos mains d’amies !

Comme elles sont fines aussi
Et si blanches, toutes, et si
Patriciennes !
Comme elles ont de petits doigts
Courageux, vifs, malins, adroits,
Vos mains de reines !

Qu’elles sont bonnes quand, le soir,
Nos plaintes montant dans le noir
Mal étouffées
Et qu’avec des gestes jolis
Elles bordent nos petits lits,
Vos mains de fées !

Et qu’elles sont tendres encor
Quand, nous disputant à la Mort
Et de sang teintes,
Elles refont un pansement…
Si doucement… si tendrement…
Vos mains de saintes !…

… Et c’est pourquoi tant de nos gâs,
Se croyant revenus, là-bas,
Dans leurs chaumières,
S’endorment en disant : « Maman »
…Tout en serrant, dévotement,
Vos mains de mères !