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Page:Botrel - Chansons en sabots, 1912.djvu/237

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IV

Lorsque sonna l’heure amoureuse,
Une douce et triste glaneuse,
Un soir d’Août m’ayant rejoint
Parmi l’or de la Moisson jaune,
De son baiser me fit l’aumône
_-_-_Dans une meule de foin !

V

Quand, l’Hiver, au fond des étables,
J’entendais des gueux lamentables
Envier le Riche en leur coin,
Je riais de leur air morose,
Moi qui ne rêvais autre chose
_-_-_Qu’une humble meule de foin !

VI

Si, comme eux, j’ai rêvé Fortune
C’est l’indulgente et bonne Lune
Qui fut toujours mon seul témoin…
Et le doux Songe qui nous leurre
Changeait en Palais, pour une heure,
-_-_-Ma pauvre meule de foin !

VII

Voilà comment, toute ma Vie,
J’ai rêvé, souffert sans envie,
Content de peu, sans grand besoin…
Et j’irai quelque jour, vieil homme,
M’endormir de mon dernier somme
_-_-_Dans une meule de foin !