Page:Botrel - Contes du lit-clos, 1912.djvu/110

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Or, voilà que, la nuit même,
Le fil de lin se cassa,
Que, lorsque vint le jour blême,
La fileuse trépassa…
Celle qui, sa vie entière,
Pour les gueux allait, filant,
Fut couchée au cimetière
Sans un bout de linge blanc !

Le gâs, dont la main calleuse
Dans sa boîte la clouait,
Sur le cœur de la fileuse
Posa le pauvre rouet.
Et, depuis, quand la nuit tombe,
Un rouet tourne tout seul :
C’est la Vieille dans sa tombe
— Ingrats ! — qui fait son linceul !…




Musique de Théodore Botrel. — G. Ondet, éditeur.