Page:Botrel - Contes du lit-clos, 1912.djvu/133

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Cott ! cott ! disaient les poules noires,
Coin ! coin ! disaient les canards verts,
« Sans pitié, nous irons tous vers
« La marmite ou les rôtissoires ! »

Il n’était pas jusqu’à l’oiselle
Qui logeait, là-haut, sous les toits,
Qui ne gémit, dans son patois,
Sur ses sœurs autant que sur elle :

Tui ! tui ! vous vous plaignez des pères :
« Nous nous plaignons, nous, des enfants
« Qui sont joyeux et triomphants
« Quand ils nous ont fait des misères ;

« Nous, qui protégeons les cultures.
« Ils osent, ces monstres finis,
« Voler nos œufs, briser nos nids,
« Massacrer nos progénitures ! »

… Et c’était vraiment lamentable
D’entendre tous ces malheureux…
Et je pleurais, tout bas, honteux,
Dans le coin de la pauvre étable !

Longtemps, sur leur sort, ils gémirent…
Après quoi, je n’entendis plus
Que ceux-là qui veillaient Jésus…
Et tous les autres s’endormirent.

Mais moi, tout tremblant sous ma paille,
De la nuit je ne fermai l’œil :
Cela rabattait mon orgueil
De me sentir… une canaille !