Page:Botrel - Contes du lit-clos, 1912.djvu/142

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Et voilà que, dans la nuit sombre.
Elle entend un pas s’avancer…
Et voilà qu’une Main, dans l’ombre.
Prend sa main pour la caresser.

Très longtemps, muette, hagarde,
Prêtant l’oreille, ouvrant les yeux,
Sans voir, elle écoute et regarde
Le Visiteur mystérieux :

Il lui caresse sa main douce
D’un doux geste se prolongeant ;
Et, très lentement, sans secousse,
Il lui prend son anneau d’argent !

Puis, enfin, leurs doigts se disjoignent :
Comme tout à l’heure elle entend
Des pas qui, lentement, s’éloignent…
Puis… plus rien… que son cœur battant !

« Bonne grand’mère ! cria-t-elle,
Sortant enfin de sa stupeur,
« Vite ! allumez votre chandelle
« Ou je m’en vas mourir de peur ! »

Et la bonne vieille se lève :
« Tu rêvais, Jeanne, rendors-toi ! »
— « Non, non ! ce n’était pas un rêve :
« Je n’ai plus ma bague à mon doigt ! »

On chercha la bague perdue,
La bague que Jeanne pleurait :
On la retrouva suspendue
Au même clou que le portrait !