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Page:Botrel - Contes du lit-clos, 1912.djvu/201

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PAUVRE P’TIT GÂS !




Nul ne connut jamais son âge !
Son nom ? Ma foi, pas davantage !
Sa famille ? Il n’en avait pas :
On l’avait trouvé sur la plage…
Pauvre p’tit gâs !

Sans jamais aller à l’école,
Sans baiser ni bonne parole,
Vêtu de trous du haut en bas,
Il poussa comme une herbe folle.
Pauvre p’tit gâs !

Lorsque la mer était mauvaise
Il chantait, le cœur plus à l’aise,
Gîté, malgré vents et frimas,
Dans un abri de la falaise…
Pauvre p’tit gâs !

Dédaignant faucille et charrue.
De bonne heure il fut la recrue
D’un capitaine Terneuvas
Et s’en fut pêcher la morue !…
Pauvre p’tit gâs !

Or, un soir, la vague en furie
Fait au vieux brick une avarie
Suffisante à le couler bas :
L’eau monte dans la « batterie » !…
Pauvre p’tit gâs !