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Venez me voir dans mon antre
De hêtres et de bouleaux :
Chez moi sans frapper on entre,
Car mon huis n’est jamais clos.

Venez ! Jamais je ne triche !
Mes clients s’aident entre eux :
Cinq sous de plus pour le riche,
Cinq sous de moins pour le gueux.

Qu’elle est belle ma boutique,
La boutique au sabotier !
C’est comme une église antique
Que j’aurais pour atelier :

Les peupliers, par centaines,
En sont les rudes piliers ;
Les étangs et les fontaines
En sont les grands bénitiers,

Chaque soir, devant ma hutte,
J’écoute chanter, là-bas,
Le grand Vent dans une flûte
D’un orgue… qu’on ne voit pas !…

Ah ! les heureux que nous sommes,
Si libres sous le ciel bleu :
D’être loin, si loin des hommes
On est près, plus près de Dieu !








(Musique de Théodore Botrel. — G. Ondet, éditeur.)