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NUIT D’ORAGE
La Mer est grosse ce matin ;
Il fait nuit noire encore, il vente,
Et les Goélands, au lointain,
Poussent des clameurs d’épouvante,
Avec de petits airs fâchés,
Tout au contraire, les mouettes,
Dans les cavités des rochers,
Contemplent l’Orage, muettes ;
Les Douaniers, dans leurs abris,
Montent leur garde accoutumée
En sifflotant un air appris
Durant qu’ils étaient à l’armée ;
Pareils aux chevaux presque morts
Qui vibrent au son des trompettes,
Les vieux Bateaux font des efforts
Pour se lancer dans les Tempêtes…
… Et les bruns goémons, mouillés
Cette nuit plus qu’aux nuits passées,
Semblent des cheveux envoyés
Par les Morts à leurs fiancées !
(Musique de Théodore Botrel. — G. Ondet, éditeur.)