L’Étranger, tendant la main à Yves. — Shake and[1] voulez-vous ? on a toué mort votre papa… mais soyez tranquille : on le vengera !
Yves. — Ça me le rendra-t-il ?… Pauvre bon papa ! Je l’aimais tant, voyez-vous… Moi qui n’avais déjà plus de maman ! (Il pleure.)
L’Étranger. — Allons ! Allons ! petite Breton, soyez un homme. À votre âge, votre ancester, le Corsaire, était déjà petite mousse.
M. Duflair. — Et avait fait déjà deux fois le tour du monde.
L’Étranger. — Well ! Parlons un peu ensemble, l’un contre l’autre : vous vous souvenez le tragique nuit ?
Yves. — Oh ! oui. J’ai eu assez grand peur, allez !
L’Étranger. — Vous dormiez ?
Yves. — Oui ! Je rêvais au petit Jésus, quand des cris m’ont réveillé tout à coup.
L’Étranger. — Une voix ? deux ? Souvenez-vous ?
Yves. — Non, une seule : celle de mon père !
L’Étranger. — Quoi disait-il ?
Yves — Oh ! je n’ai pas compris ! des cris seulement… des cris affreux…
L’Étranger. — Et vous vous êtes levé debout ?
Yves. — Oui… et je suis entré ici… et j’ai trouvé papa sur ce fauteuil…
L’Étranger. — Seul ?
Yves. — Tout seul… alors, je l’ai appelé… Il ne me répondait pas ! Alors, j’ai voulu l’embrasser, me réfugier dans ses bras… il ne bougeait pas !… alors, je ne me rappelle plus de rien !
M. Duflair. — Une fièvre typhoïde l’a tenu, un mois durant, entre la vie et la mort. Mais le voilà solide aujourd’hui. Un Kéravel ne meurt pas pour si peu !
- ↑ Prononcer : Schek hend