Page:Bouchaud - Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines, 1903.djvu/14

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vers libres. Ils ignorent Verhaeren et ses Villes Tentaculaires, ses adorables Petites Légendes et son récent recueil, les Forces Tumultueuses, tout plein d’un bruit de villes, d’un choc de métaux et d’activité industrielle, mais où l’on trouve aussi des vers comme ceux-ci :

Dès le matin, par mes grandes routes coutumières
Qui traversent champs et vergers,
Je suis parti clair et léger
Le corps enveloppé de vent et de lumière.

Je vais je ne sais où ; je vais, je suis heureux…

Les bras fluides et doux des rivières m’accueillent ;
Je me repose et je repars
Avec mon guide : le hasard
Par des sentiers sous bois dont je mâche les feuilles.

Les mêmes détracteurs des Symbolistes affectent surtout un dédain suprême pour Vielé-Griffin dont les Cygnes, la Chevauchée d’Yeldis et le dernier livre, l’Amour sacré, avec ses légendes de Sainte Agnès ou de Sainte Julie sont de pures beautés. D’Henri de Régnier, ils n’admettent que ses vers réguliers, alors que les pages des Roseaux de la Flûte, d’Aréthuse, de Tel qu’en songe, de la Corbeille des heures et des poèmes comme le Sang de Marsyas et Pan, parmi bien d’autres de la Cité des Eaux,